L'enlèvement le mois dernier de 7 personnes sur la route de Waza à Kousseri, à la frontière du Nigeria, font ressortir de ma mémoire des clichés dont je vais vous faire profiter.

J'ai ressorti pour l'occasion de mes archives des clichés pris entre 1967 et 1973. Conservées dans les placards au gré de multiples déménagements au Cameroun, ces diapositives ont subi les outrages du temps.
Voici une carte prise sur Google Map qui montre la proximité de la route avec frontière Cameroun/Nigeria, les deux étant parfois confondues sur le parcours.

Vers la carte:(Ouvrir le lien dans un nouvel onglet)

La topographie des lieux:

La région au nord de Waza est parfaitement plane jusqu'au lac Tchad, cette vaste plaine étant inondée par la crue du Logone durant la saison des pluies de juillet à octobre. La hauteur d'eau restant faible les villages sont construits sur des tumulus.Cases Une grande partie de la réserve de chasse de Waza est inondée, ces zones appelées yaéré sont impraticables dès la première pluie. Les limons très fins qui constituent le sol deviennent fluides et le restent jusqu'au séchage complet en février.
Une fois le sol sec et les grandes herbes brûlées il est alors possible de circuler aisément hors pistes.

La route:

La N1 nationale traversant tout le Cameroun de Douala au sud à Kousseri à l'Extrème Nord fut goudronnée par morceaux à partir de 1970. Le tronçon Waza - Kousseri (à cette époque Fort-Fourreau) sur le Chari, fut l'un des premiers en 1970. En effet du fait des crues l'entretien d'une route en terre faite de remblai de qualité médiocre était difficile sur cette route stratégique.

La route fut construite en digue sur toute sa longueur. Les emprunts de matériaux le long du remblai sont parfaitement visibles sur la photo vue du ciel car ils se remplissent d'eau dès les premières pluies et se rechargent pendant la crue.
Sur la photo, des hommes récupèrent des fûts de bitume vides qu'ils chargent sur le camion après les avoir aplatis.Chargement de ferraille

La sécurité:

Vue la topographie on comprend que la frontière avec le Nigeria soit une passoire, les pistes à travers ces grands espaces étant faciles à tracer.
Un gros commerce en contrebande fut très prospère dans les années 70, particulièrement pour l'essence très bon marché à l'époque au Nigeria, mais aussi pour le ciment et le fer à béton. Le commerce est toujours florissant pour les voitures et les pièces détachées.

Les actes de carjacket étaient courants, les voitures volées se retrouvant en pièces détachées après quelques heures sur le marché de Maiduguri.
Le Logone

La pêche en plaine:

Lors de la crue les poissons voyagent du Logone au lac Tchad dans les zones inondées.
A la décrue, les villageois ferment les dépressions par des barrages en terre, et ramassent les poissons à la main après avoir écopé l'eau. Pêche au barrage

Les poissons se retrouvent piégés dans la plaine à la décrue et se réfugient dans les trous d'eau. A l'assèchement complet ils s'enferment dans des poches creusées dans l'argile, se mettant en hibernation.
Au retour des pluies, le moindre trou d'eau voit s'ébattre ces poissons bien avant la crue sortant de leur long hivernage de 8 mois, mais qui peut durer plusieurs années.

Un ami travaillant à l'entretien de routes en terre du secteur m'a dit avoir rencontré des poissons vivants dans une carrière ouverte dans une zone non inondée depuis plusieurs années.

On peut alors voir des jeunes gens flottant sur de grosses calebasses en guise de bouée dans les emprunts le long de la route, et capturant des silures.

Dans le billet suivant je vous ferai part de quelques réflexions et anecdotes sur le parc animalier de Waza et le site de Kapsiki.