AKUM parleur du soir

J'ai été engagé par un cabinet Anglais de conseil en agriculture en qualité de spécialiste du process d'extraction de l'huile de palme.

L'équipe est chargée de revoir, pour le compte des bailleurs de fonds, la présentation d'un projet de réouverture d'une plantation de palmiers à huile au Liberia.

L'équipe est composée:

• Du Directeur du cabinet (Anglais) chargé des problèmes administratifs et politiques
• Du Ched de Mission (Anglais) chargé de l'agriculture
• D'un analyste financier (Ivoirien)
• D'un spécialiste en huilerie de palme (Français),
  

équipe internationale pluridisciplinaire et très professionnelle.

Contexte:

Le Liberia se remet d'une guerre civile ravageuse, de 1989 à 2003, avec la volonté de relancer l'économie en particulier l'agriculture, en attirant des investisseurs.
Le Liberia est connu pour être un grand producteur de caoutchouc, en particulier grâce à la plantation Firestone créée en 1926 et couvrant 40000ha, mais aussi de palmiers à huile dans la frange côtière au climat favorable.
Le projet se situe dans le Conté de Maryland, le long de la frontière naturelle avec la Côte d'Ivoire formée par la rivière Cavalla.

Le projet: Recréer une plantation sur les terres de la défunte Decoris, occupant 6000ha.

Après 20 ans d'arrêt d'exploitation, la forêt a repris ses droits, le nettoyage du terrain est donc à reprendre à zéro. Dans tous les cas un palmier de 30 ans doit être remplacé car son rendement diminue avec l'age, et de plus les nouvelles graines sélectionnées donnent de meilleurs résultats que les anciennes.

Le projet étant sponsorisé par une compagnie installée en Côte d'Ivoire, nous sommes allés visiter certaines plantations et leurs usines.

Les voyages:

En voiture sur des routes goudronnées ou non aux nombreux nids de poules le confort du SUV reste relatif, et limite cassant pour le dos.
Nous sommes d'abord allés vers l'est, depuis Abidjan vers la frontière du Ghana, à la plantation de Ehania. La route longe la côte basse et sableuse bordée de nombreuses cocoteraies. Sur 20km au départ d'Abidjan c'est la zone des auberges et estancos de tourisme que nous ne faisons que survoler, le travail c'est le travail! Nous traversons Grand Bassam ancienne capitale coloniale qui reste une grande ville, et atteignons la plantation, 14000ha d'un seul tenant, la plus grande d'Afrique. 2 usines de capacités de traitement de 90 et 30 tonnes de fruits par heure absorbent la production de la plantation industrielle, mais aussi des plantations villageoises installées tout autour.

Développement: 60% de la production de régimes de palme viennent des plantations villageoises en Côte d'Ivoire, les planteurs bénéficiant de l'assistance technique des agronomes de la compagnie.

La compagnie exploite 4 plantations situées non loin de la frontière du Liberia, ces installations serviront de support arrière à la plantation du Maryland. Nous les visiterons afin d'avoir une idée précise du potentiel de la compagnie en moyens humains et techniques.

De Abidjan à San Pedro la route bitumée traverse une région d'anciennes forêts totalement mise en exploitation d'abord en cultures maraîchères en quittant Abidjan, puis les cocotiers, l'hévéa, le palmier à huile, les rizières dans les bas fonds et enfin le cacao, le plus important produit d'exportation du pays.
Les paysages sont monotones et les 20 derniers kilomètres de route défoncés, c'est pas une sinécure! Heureusement San Pedro offre quelques aménagements touristiques que nous apprécierons à notre voyage de retour. A notre arrivée c'est un bon repas qui nous attends. Il faut dire qu'en dehors de notre équipe, il y a des cadres de la compagnie qui nous accompagnent, les chauffeurs et les gardes et militaires pour la sécurité, en tout 12 personnes dans 3 voitures.

La sécurité est indispensable tant en Côte d'Ivoire qu'au Liberia, ces pays sortant de périodes de troubles ayant permis la dissémination d'armes et la formation de bandes dangereuses.

Remarque au sujet du cacao: J'avais en tête que le cacaoyer étaient cultivé dans la forêt en sous bois, c'est du moins les plantations que je connais au Cameroun.

Je suis resté sidéré de voir tous les arbres tués pour améliorer la productivité; quelle désolation. Du coup le paysage en devient très affligeant.

Humeur:

Les écolos reprochent aux plantations de palmiers la déforestation qu'elles entraînent, appelant au boycot de l'huile.
Que vont-ils faire du chocolat? Boycot! Heureusement que les industriels ont des solutions de rechange: on sait faire du chocolat à partir de l'huile de palme, c'est pas beau le progrès!

- A suivre -