Relisant "Le Premier Homme" d'Albert Camus j'ai retenu cette analyse de l'origine du sentiment de xénophobie dans des conditions de vie difficiles". Le récit est relatif à la vie en Algérie française dans les années cinquante, dans la frange de population aux conditions misérables bien que favorisées par rapport aux Algériens. On retrouve des accents de Zola décrivant une misère qui perdure. Bien que nos conditions de vie soient différentes les raisons du vote extrémiste se retrouvent encore bien présentes.

Le chômage, qui n’était assuré par rien, était le mal le plus redouté. Cela expliquait que ces ouvriers, chez Pierre comme chez Jacques, qui toujours dans la vie quotidienne étaient les plus tolérants des hommes, fussent toujours xénophobes dans les questions de travail, accusant successivement les Italiens, les Espagnols, les Juifs, les Arabes et finalement la terre entière de leur voler leur travail – attitude déconcertante certainement pour les intellectuels qui font la théorie du prolétariat, et pourtant fort humaine et bien excusable.

Ce n’était pas la domination du monde ou des privilèges d’argent et de loisir que ces nationalistes inattendus disputaient aux autres nationalités, mais le privilège de la servitude.

Le travail dans ce quartier n’était pas une vertu, mais une nécessité qui, pour faire vivre, conduisait à la mort.

Albert Camus - Le premier homme